Le ministère de l’écologie propose un diagnostic gratuit aux voisins de pressing

28 Mai

Article paru sur le site de Sciences et avenir le 27 mai 2015

analyse

L’État lance une nouvelle campagne d’information des riverains de pressings, pour les inciter à faire mesurer chez eux les taux de perchloroéthylène (PCE), un solvant cancérogène que les commerces de nettoyage à sec ont obligation d’abandonner progressivement, a indiqué mardi 26 mai 2015 le ministère de l’Écologie. Très utilisé par les pressings, ce solvant chloré au pouvoir très dégraissant, mais aussi très volatil, est classé depuis 1995 par l’Organisation mondiale de la santé comme cancérogène probable, et considéré comme responsable d’atteintes diverses, rénales, neurologiques ou encore hépatiques.

Une interdiction totale dès 2022

La réglementation interdit depuis mars 2013 l’implantation de nouvelles machines utilisant ce solvant dans des locaux contigus à des immeubles d’habitation ou des centres commerciaux. Depuis septembre 2014, les machines ayant atteint 15 ans d’âge sont interdites ; à partir de 2021, ce seront les machines de plus de 10 ans, et à partir de 2022 l’interdiction sera totale. Cette décision ne vaut pas en revanche pour les pressings isolés, en zones industrielles par exemple.

Cette nouvelle « campagne de contrôle » des concentrations de ce solvant dans les habitations voisines, passera par la distribution d’une plaquette aux riverains, leur précisant les modalités pour bénéficier d’un diagnostic gratuit, effectué par des laboratoires désignés par le ministère de l’Écologie. Si ce diagnostic devait révéler une présence de PCE, la préfecture serait alors amenée à « prescrire des actions rapides » à l’exploitant du pressing, souligne le ministère.

UTILISATION. Durant l’activité d’une teinturerie, les émanations de PCE proviennent essentiellement des machines, à l’ouverture du tambour, lors du détachage manuel et en cas d’une mauvaise étanchéité des machines. Hors activité, les émanations proviennent du stockage des vêtements nettoyés au perchloréthylène et de l’évacuation des boues (résidus de lavage).

4.000 pressings et 8.700 riverains concernés

Cette mesure concerne potentiellement 4.000 pressings utilisant encore ce solvant, et 8.700 riverains, précise le ministère. « Les contrôles tendent à accélérer le remplacement des machines », souligne-t-on. Pour l’Association de défense des victimes (Advepp), créée en 2010, les mesures ont été tardives et « on ne sait toujours pas si tous les riverains ont été informés, car beaucoup nous appellent encore », souligne Thierry Drouin, son fondateur.

L’association s’inquiète aussi de l’éventuel impact sanitaire des produits solvants choisis pour remplacer le perchloroéthylène, et du sort des salariés des blanchisseries sans voisins toujours utilisatrices du PCE. Selon des chiffres de la Fédération des pressings et blanchisseries fournis au ministère, 30 % du parc des machines avaient été remplacés en septembre 2014, dont une bonne moitié par de l' »aquanettoyage » (nettoyage à l’eau), et 50 % devraient avoir abandonné le perchloroéthylène d’ici fin 2015.

Pressings: les voisins encore trop exposés

8 Jan

Publié par Solenne Durox dans le Parisien du 7/01/2013

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« Nous ne pouvons pas encore attendre 10 ans avant d’interdire définitivement le perchloroéthylène, c’est beaucoup trop long ! », déplore Pascal Denot, vice-président de l’Association des Victimes des Émanations de Perchloroéthylène des Pressings (ADVEPP). Celle-ci dénonce le délai accordé aux pressings en activité pour bannir ce solvant dangereux pour la santé. En effet, si le nouvel arrêté signé début décembre par le ministère du développement durable interdit l’implantation de toute nouvelle machine de nettoyage à sec fonctionnant au perchloroéthylène, les installations existantes ont jusqu’en 2022 pour trouver une solution de remplacement. Inacceptable au vu de l’urgence sanitaire pour l’ADVEPP.

En témoigne cette alarmante étude du Laboratoire Central de la Préfecture de Police (LCPP) publiée en 2012 qui met en évidence des concentrations très élevées de perchloroéthylène aussi appelé tetrachloréthylène, souvent au-dessus des normes autorisées, dans une centaine de logements en région parisienne. De 2006 à 2011, le Laboratoire Central de la Préfecture de Police a ainsi effectué 177 analyses de l’air dans 122 logements situés au-dessus d’entreprises de nettoyage à sec. Les résultats montrent que 81 % des pièces analysées présentent des taux supérieurs à la valeur guide de l’air intérieur de l’Organisation Mondiale de la Santé (250 µg/m3 sur 1 an). Or, le perchloroéthylène est un solvant considéré comme cancérigène probable pour l’homme par le Centre de recherche contre le cancer (CIRC). Il est toxique pour le système nerveux et les reins, provoque des irritations des voies respiratoires et des yeux ainsi que des vertiges, des nausées et des maux de tête. Il est officiellement à l’origine de deux décès en France : un enfant en 1994 et une femme à Nice en 2009.

500 fois plus que la valeur de référence
En région parisienne, la médiane des niveaux de tetrachloréthylène s’élève à 1 500 μg/m3. Une pièce a même été mesurée à 120 000 µg/m3 par le laboratoire central. Soit près de 500 fois plus que la valeur de référence ! Rappelons qu’au-delà de 1250 µg/m3, le Haut conseil pour la santé publique (HSCP) recommande que des mesures correctives soient rapidement mises en œuvre. En outre, les mesures effectuées avant et après montrent que les travaux de mise en conformité ne sont pas toujours suivis d’une amélioration nette de la qualité de l’air. « Ces solutions ne permettent pas le respect des valeurs de référence préconisées », souligne l’étude. Les auteurs rappellent aussi que les analyses de l’air en région parisienne ont été faites suite à des plaintes pour nuisances olfactives ou problèmes de santé. Elles ne reflètent donc pas la réalité du nombre de logements impactés par les activités de pressing. « Le seuil olfactif se situant à environ 7 000 μg/m3, les concentrations en tétrachloréthylène dans l’air d’autres logements peuvent être supérieures aux valeurs de référence sans qu’une plainte n’ait été émise », écrivent-ils. On estime que 100 000 à 200 000 personnes sont exposées en France aux vapeurs de ce solvant dangereux pour la santé.

Encadré : Ce que prévoit le nouvel arrêté du 5 décembre 2012

– 1er mars 2013 : interdiction d’installer des nouvelles machines de nettoyage à sec fonctionnant au perchloroéthylène dans les pressings contigus à des locaux occupés par des tiers.

– 1er septembre 2014 : interdiction d’utiliser une machine au perchlo de plus de 15 ans

– 1er janvier 2022 : interdiction totale du perchlo dans les pressings

Interdiction du perchloroéthylène dans les nouveaux pressings en mars 2013

11 Déc

A compter du 1er mars 2013, l’utilisation du perchloroéthylène sera interdite dans les nouvelles installations selon un arrêté gouvernemental. Les associations s’en félicitent mais demandent à aller encore plus loin.

machine-pressingDès l’entrée en vigueur de l’arrêté, soit le 1er mars 2013, il sera en effet interdit d’implanter toute nouvelle machine fonctionnant au perchloroéthylène dans des locaux contigus à des locaux occupés par des tiers. Les machines existantes fonctionnant au perchloroéthylène et situées dans des locaux contigus à des locaux occupés par des tiers seront également progressivement interdites. Ainsi, dès le 1er septembre 2014, les machines ayant atteint 15 ans d’âge devront être remplacées par des machines utilisant un substitut. La durée maximale d’utilisation est réduite au fur et à mesure après 2014 pour atteindre un maximum de 10 ans en 2021. En tout état de cause, à compter du 1er janvier 2022, toutes les machines situées dans des locaux contigus à des locaux occupés par des tiers ne pourront plus utiliser de perchloroéthylène.

De plus, l’arrêté interdit l’utilisation de solvants (autre que le perchloroéthylène) qui seraient cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques.

4800 machines à remplacer

On estime qu’il existe environ 4 500 installations de nettoyage à sec dans le pays à ce jour, soit environ 5 200 machines. 93% d’entre elles sont situées dans des locaux contigus à des locaux occupés par des tiers et utilisant du perchloroéthylène. Ainsi environ 4 800 machines devront être remplacées à terme pour fonctionner à un solvant autre que le perchloroéthylène ou être exploitées dans des locaux non contigus. Cependant, comme précisé précédemment, l’obligation de changement de machine ne s’appliquera que de manière progressive dans le temps en fonction de l’âge de la machine et ne concernera donc qu’un pourcentage chaque année des 4 800 machines.

Des délais démesurément longs pour les anciens pressings

Le Réseau Environnement Santé, l’ADVEPP (Association des Victimes des Émanations de Perchloroéthylène des Pressings) et Générations Futures se félicitent de la décision du Gouvernement. « Cependant, pour les anciens pressings les délais accordés jusqu’en 2022, sont démesurément longs au vue de l’urgence sanitaire, affirment les associations. On peut estimer que 100 000 à 200 000 personnes sont exposées en France aux vapeurs de perchloroéthylène dans les centres commerciaux et les appartements jouxtant une installation de nettoyage à sec. Aucune mesure concrète n’est prise pour assurer une protection immédiate de tous les riverains et employés de pressings. Il n’existe en effet aucun bâtiment actuel, capable d’empêcher la propagation des émanations de perchloroéthylène. La raison économique ne peut justifier à elle seule d’aussi longs délais, aux dépens de la santé des personnes exposées. »

Autre problème selon les associations: la valeur limite d’exposition au perchloroéthylène. Selon elles, « il est prévu de suspendre l’activité des pressings qui induiraient chez les riverains des concentrations supérieures à 1250 μg/m3, alors même que l’Agence de Protection de l’Environnement des Etats-Unis a diminué en février 2012 sa valeur limite environnementale à 40 μg/m3 sur la base du caractère cancérogène et non cancérogène du perchloroéthylène [2]. Rien ne peut justifier un tel écart de 1 à 30. »

« Des milliers d’emplois menacés »?

Du côté des professionnels du nettoyage à sec, on s’inquiète pour son portefeuille. Le calendrier de sortie du perchlo prévoit un plan d’aides financières pour changer de machine. La Fédération française des pressings et blanchisseries (FFPB) aimeraient que les modalités de ce plan soient rapidement annoncées, affirmant que « des milliers d’emplois sont menacés ». Elle s’inquiète également des incertitudes liées aux technologies alternatives soulevées par l’ANSES.

L’ANSES ne recommande aucun produit pour remplacer le perchlo

5 Déc

Quel produit miracle pour remplacer l’abominable perchloroéthylène dans les pressings français? Mystère et boule de gomme. Dans un avis publié le 12 octobre dernier, l’ANSES (agence nationale de sécurité sanitaire) se garde bien d’annoncer le nom du remplaçant idéal. Peut-être parce qu’il n’existe pas?

Suite à une « demande d’appui technique concernant la connaissance des propriétés de danger des substituts au perchloroéthylène dans le nettoyage à sec », l’ANSES a rendu un avis très mitigé. On peut lire dans la conclusion: « Ainsi, les propriétés de danger identifiées et les incertitudes liées à l’absence de données essentielles ne permettent pas dans l’état actuel des connaissances de proposer un produit particulier en substitution du  perchloroéthylène dans les installations de nettoyage à sec. » Et d’ajouter:  « il serait utile d’obtenir des données complémentaires sur les propriétés de danger des produits visés dans la saisine. Une voie possible consisterait à inscrire les substances concernées au plan glissant d’évaluation des substances dans le cadre du règlement REACh ». Nous voilà bien avancés…

Exclu – Interdiction du perchloroéthylène: l’avis du conseil supérieur de la prévention des risques technlogiques

27 Juin

Le Conseil supérieur de la prévention des risques technologiques a rendu hier son avis technique sur le projet d’interdiction progressive du perchloroéthylène dans les pressings en France. Il ne sera rendu public qu’au mois de juillet. On vous en révèle ici les grandes lignes.

Petit rappel: Le projet d’arrêté concocté par le gouvernement prévoit « l’interdiction de toute nouvelle installation fonctionnant au perchloroéthylène située dans des locaux contigus à des habitations ».

Un calendrier a été défini pour la mise en application de cette interdiction pour les installations existantes.

Selon ce dernier, l’arrêt de l »utilisation du perchloroéthylène dans les pressings sera effective:

1) au plus tard le 1er janvier 2018 pour les installations ne bénéficiant de la marque NF

2) au plus tard au 1er janvier 2022 pour les installations de marque NF

3) au 1er janvier 2014 pour les machines au perchloroéthylène de plus de 15 ans.

Selon le ministère du développement durable, le Conseil supérieur de la prévention des risques technologiques (dont l’avis n’est que consultatif) approuve globalement le projet. Néanmoins, il demande que l’âge des machines fixé à plus de 15 ans concernant le troisième point soit revu à la baisse. En contrepartie, des aides financières pourraient être envisagées pour les propriétaires de pressings.

La commission européenne qui a été consultée sur ce projet de modification de l’arrêté du 31 août 2009 doit rendre son avis au mois d’août. C’est à cette période que l’on saura si le perchloroéthylène est réellement condamné.

Solenne Durox

Après 30 ans d’activité, le pressing n’est pas aux normes

30 Mai

Publié dans l’Union le 30 mai 2012

SAINT-QUENTIN (Aisne). Plusieurs manquements à la réglementation. » Le rapport de la Dreal accable les gérants du pressing Clair Eco installé depuis près de 30 ans. Ils vont devoir se mettre en conformité s’ils veulent poursuivre leur activité.

Les services de la Dreal viennent de rendre leur rapport à la préfecture de l’Aisne qui les avait saisis suite à la plainte de Severina Karczmarczyk. Souvenez-vous, cette femme de 81 ans, habite au-dessus d’un pressing en activité. Elle craignait d’être intoxiquée à petits feux. Elle expliquait dans nos colonnes, le 19 mai dernier, mener un combat depuis plus de 9 mois afin que des analyses et des contrôles soient faits pour savoir si son état de santé qui s’est subitement dégradé ne serait pas dû à d’éventuelles émanations de perchloroéthylène provenant du système de nettoyage à sec du pressing. Un solvant classé comme cancérogène probable par le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer).
Très volatiles, les vapeurs de « perchlo » sont réputées pouvoir traverser le béton et les planchers jusqu’à trois étages.

Arrêté de mise en demeure
Irritations aux yeux, apparitions d’asthme, violents maux de tête, perte de la voix contraignent cette retraitée à s’exiler chez une de ses filles, plusieurs jours par mois.
La préfecture de l’Aisne vient de nous faire parvenir dans un communiqué les conclusions de l’inspection de l’installation de nettoyage à sec. « Le 16 mai 2012, les services de la Dreal ont effectué une visite du pressing Clair Eco. L’inspecteur a pu constater plusieurs manquements à la réglementation de la part de l’établissement. »
La préfecture ne souhaite pas préciser, mais selon nos informations, les manquements constatés concerneraient le captage et le traitement des rejets dans l’atmosphère ainsi que le contrôle de l’intégrité des parois dans la zone de nettoyage à sec du pressing.

Lire la suite sur le site de l’Union

Nouvelle réglementation: Jean Tomaselli, président de la FNET freine des quatre fers

25 Avr

L’Union, le 25 avril 2012

L’utilisation du perchloréthylène pourrait être bientôt interdite dans les pressings. Un projet contesté par le Soissonnais, Jean Tomaselli, président de la FNET.

C’est le produit le plus utilisé pour le nettoyage à sec. Le perchloréthylène, plus communément appelé perchlo, pourrait disparaître de la carte des pressings. C’est en tout cas le souhait des ministères de la Santé et de l’Ecologie.

Ce produit serait dangereux pour la santé des usagers, salariés et riverains, d’après plusieurs associations, lesquelles ont largement œuvré pour son retrait.
Les professionnels auront jusqu’en 2022 pour changer de matériel. Les machines fonctionnant avec ce produit et âgées de plus de 15 ans seront interdites dès 2014.
C’est le cas du pressing de Jean Tomaselli, installé depuis 1999, place Fernand-Marquigny, à Soissons. Il a déjà demandé des devis.
Ce n’est pas le fait d’investir dans un équipement neuf qui le chagrine, mais l’utilisation de solvants alternatifs, le siloxane D5 ou le KWL, un hydrocarbure. « On va remplacer le perchlo, qui est ininflammable et dont la dangerosité pour la santé n’a pas été prouvée, par des solvants inflammables. Ça peut être très dangereux. »
Pour le nettoyage à sec, les vêtements sont trempés dans du solvant, lequel est ensuite nettoyé par distillation à 130°. « Il y a des dizaines de litres dans la machine. On sera obligé d’aller au-delà du point d’éclair, c’est-à-dire de la température à partir de laquelle le produit s’enflamme. S’il y a la moindre fuite, ça peut exploser. On n’aura pas le droit à l’erreur. »
« Aucun recul »
Contrairement aux nouveaux solvants, le perchlo a une odeur très singulière qui ressemble à du trichlo. Le pressing de M. Tomaselli a subi plusieurs contrôles, à la suite de plaintes du voisinage du voisinage. Des capteurs d’air ont été posés. Il a finalement eu gain de cause. « On nous oblige à contrôler les émanations qui ne doivent pas excéder 0,2 % par kg, explique-t-il. C’est insignifiant. Avec le matériel d’aujourd’hui, on utilise quatre fois moins de produit qu’avant. J’ai ici une ventilation qui renouvelle dix fois le volume l’air toutes les heures. »
Jean Tomaselli est président de la Fédération nationale de l’entretien des textiles (FNET), plutôt minoritaire dans la profession sur cette question. « On impose un produit sur lequel on n’a aucun recul au détriment de la sécurité. On ne garantit pas qu’il a les mêmes qualités que le perchlo et surtout qu’il n’a pas les mêmes défauts. »

La suite sur l’Union

Note de l’auteur du blog: le siloxane D5 n’est pas la seule alternative au perchlo. L’aquanettoyage, de plus en plus répandu, est sans risque pour la santé des employés, clients et riverains. En tant que président de la FNET, Jean Tomaselli ne peut l’ignorer…

Perchloroéthylène dans les pressings : les associations trouvent le gouvernement plus propre

24 Avr

Paris, le lundi 23 avril 2012 – Journal international de médecine-Image

Les situations révélant comment la forme peut avoir une influence décisive sur le fond sont innombrables et l’actualité en fournit mille exemples. Dernier en date : le sale dossier du perchloroéthylène. Classé dans le groupe 2A des substances « cancérogènes probables » ce solvant utilisé par 90 % des 5 000 pressings français est suspecté de favoriser les risques de cancer de l’œsophage, du col de l’utérus et de lymphome non Hodgkiniens, mais les résultats des études menées sur le sujet manquent toujours de concordance. L’utilisation de cette substance interdite ou fortement réglementée dans d’autres pays, tels les Etats-Unis et le Danemark, est depuis plusieurs années un cheval de bataille des associations ayant une visée écologiste et sanitaire, qui se désespèrent de ne pas être entendues par les pouvoirs publics.

Des associations et un ministère sur la même longueur d’ondes sans le voir

Ainsi, en février dernier, à l’heure où était ouverte une information judiciaire destinée à élucider les circonstances de la mort d’un septuagénaire résidant au dessus d’un pressing, les organisations Générations futures ou le Réseau santé environnement dénonçaient avec sévérité le manque d’engagement du gouvernement sur ce dossier. Elles affirmaient ainsi que les normes en vigueur n’étaient pas systématiquement respectées et se désolaient que leur souhait de voir le perchloroéthylène interdit d’ici une dizaine d’années ne soit pas entendu. Pourtant, figure depuis déjà la fin de l’année 2011, dans les tablettes du ministère de l’Ecologie, un projet visant à interdire l’installation de nouveaux pressings utilisant ce solvant près des habitations et obligeant le remplacement des anciennes installations à l’horizon 2022.

Des annonces délavées mais bien repassées

Avril 2012, deux mois après les passes d’arme de cet hiver : changement radical de ton. Associations écologistes et représentants des ministères de l’écologie et de la Santé ont tenu ce 19 avril une réunion dont l’issue a été marquée, fait inédit, par la satisfaction des premières. « Nous nous félicitons du changement radical de la politique du ministère de la santé qui ne défend plus l’usage contrôlé du perchlo » écrivent en effet Générations futures et le Réseau santé environnement. Radical, vraiment ? Comme déjà en février, les ministères promettent que « toute nouvelle installation fonctionnant au perchloroéthylène située dans des locaux contigus à des habitations » sera interdite. Par ailleurs, à partir de janvier 2014, les installations vielles de plus de quinze ans devront cesser leur activité, suivies en 2018 des pressings n’étant pas de marque NF et enfin en 2012 de toutes les laveries quels que soient leur label et leur âge. Un calendrier qui avait déjà été dans ses grandes lignes fixé avant le mois de février.
Seul fait apparemment nouveau, la volonté du gouvernement de suspendre l’activité des pressings « si la valeur d’action rapide de 1250 ug/m3 (…) est dépassée dans les appartements et locaux contigus aux pressings ».

Donner aux associations le sentiment que leur action a été décisive

Non contentes de ne pas être toutes nouvelles, ces mesures promises ne répondent pas à l’ensemble des demandes des associations qui regrettent ainsi que l’interdiction des nouvelles installations ne s’applique pas à toutes les laveries, et notamment pas à celles, nombreuses, officiant dans les galeries commerciales. Dès lors, si ces annonces ne sont pas fondamentalement inédites et si toutes les attentes des associations n’ont pas été satisfaites, comment expliquer l’enthousiasme soudain des organisations ? Sans doute cette réunion et le descriptif détaillé de ce projet d’arrêté depuis longtemps prévu (et toujours attendu) ont su donner aux organisations le sentiment qu’elles étaient à l’origine de ce changement « radical ». Pourtant, elles affirment ne pas être « dupes du contexte électoral ». Pas si sûr.

Aurélie Haroche

Les syndicats des pressings réclament un soutien financier

23 Avr

Communiqué de presse – Paris, le 27 mars 2012 –

La Fédération Française des Pressings et Blanchisserie (FFPB) a récemment proposé au ministère de l’Ecologie un calendrier visant à accélérer la sortie du perchloroéthylène. Son Président, Pierre Letourneur, rappelle cependant que le processus de substitution du « perchlo » ne peut être mené à bien sans la publication de données complémentaires sur les alternatives, encore mal connues, et le lancement d’un plan de soutien national au secteur. Selon l’échéancier proposé par la FFPB, toutes les machines au perchloroéthylène de plus de 15 ans seraient remplacées dès 2014 par des machines fonctionnant avec une technologie alternative. Les machines au perchloroéthylène plus récentes, qui présentent des risques potentiels quasi-nuls pour les employés et les riverains, seraient progressivement retirées les années suivantes. Le processus de sortie du « perchlo » pourrait ainsi être accéléré et amorcé dès 2014, et non en 2018 comme le prévoit le calendrier du ministère de l’Ecologie, du  éveloppement durable, des Transports et du Logement. Cette initiative de la FFPB permettrait donc à la France d’être l’un des pionniers dans le processus de mutation du secteur, aux côtés des Etats-Unis et du Danemark. Cependant, de nombreuses incertitudes subsistent concernant les autres technologies de nettoyage à sec : moins efficaces et nécessitant l’ajout de renforçateurs de nettoyage, tous les solvants alternatifs au «perchlo » sont combustibles et présentent des risques potentiels pour l’environnement. C’est la raison pour laquelle la FFPB demande que l’arrêt du perchloroéthylène soit conditionné à la publication d’analyses complémentaires sur les propriétés toxicologiques des alternatives.

La FFPB rappelle par ailleurs que le secteur des pressings, très majoritairement artisanal, a besoin de soutien pour financer sa sortie du « perchlo ». Depuis les années 1990, le secteur connait en effet une profonde crise structurelle ayant entrainé la fermeture de près de 10 000 magasins. La situation économique des 4 500 pressings restants est souvent fragile : le chiffre d’affaires moyen d’un magasin est de 100 000 euros TTC par an. Or, une machine neuve coûte environ 30 000 euros, auxquels peuvent s’ajouter des travaux de mise en conformité du local, soit un total de 45 000 euros en moyenne. Le coût de l’arrêt du « perchlo » s’élèvera ainsi à plus de 160 millions d’euros et sans aides, le secteur, qui emploie 18 000 personnes, ne pourra mener à bien sa mutation.

Note de l’auteur du blog: Nous avons contacté par deux fois la FFPB pour lui demander sa méthode de calcul pour arriver à ce chiffre de 160 millions d’euros mais nous n’avons jusqu’alors reçu aucune réponse…

Pressings : l’interdiction du perchlo annoncée par le Ministère de la Santé

23 Avr

Communiqué de presse- 19 avril 2012

Une délégation du Réseau Environnement Santé (RES), de l’association Générations Futures et de l’Association des Victimes des Émanations de Perchloroéthylène des Pressings (ADVEPP) a été reçue à sa demande aujourd’hui par le Directeur Général de la Santé.

Celui-ci a annoncé le principe de l’interdiction du perchlo dans les pressings selon les modalités suivantes :

– Interdiction immédiate dans les installations nouvelles

– Fermeture immédiate des installations induisant une contamination des riverains supérieure à 1250 microgrammes par mètre cube (1250 µg/m3)

– Arrêt au 1er janvier 2014 des installations de plus de 15 ans

– Arrêt des installations existantes dites non NF au 1er janvier 2018

– Arrêt des installations NF au 1er janvier 2022

Le principe d’un suivi de ces mesures avec nos 3 associations a été acté. La prochaine réunion est prévue fin juin.

Le RES, l’ADVEPP et Générations Futures demandaient que la norme définie par l’Agence de Protection de l’Environnement des États-Unis à 40 µg/m3 soit prise en compte en France. Elles se félicitent néanmoins du changement radical de la politique du Ministère de la Santé qui ne défend plus l’usage contrôlé du perchlo mais accepte le principe de son remplacement.

Le RES, l’ADVEPP et Générations Futures vont continuer à agir pour préserver la santé des riverains et des travailleurs des pressings. Elles les appellent à se manifester auprès des Agences Régionales de Santé et des Préfectures pour obtenir un contrôle de leur contamination.