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Pressings: les voisins encore trop exposés

8 Jan

Publié par Solenne Durox dans le Parisien du 7/01/2013

carnetdesante

« Nous ne pouvons pas encore attendre 10 ans avant d’interdire définitivement le perchloroéthylène, c’est beaucoup trop long ! », déplore Pascal Denot, vice-président de l’Association des Victimes des Émanations de Perchloroéthylène des Pressings (ADVEPP). Celle-ci dénonce le délai accordé aux pressings en activité pour bannir ce solvant dangereux pour la santé. En effet, si le nouvel arrêté signé début décembre par le ministère du développement durable interdit l’implantation de toute nouvelle machine de nettoyage à sec fonctionnant au perchloroéthylène, les installations existantes ont jusqu’en 2022 pour trouver une solution de remplacement. Inacceptable au vu de l’urgence sanitaire pour l’ADVEPP.

En témoigne cette alarmante étude du Laboratoire Central de la Préfecture de Police (LCPP) publiée en 2012 qui met en évidence des concentrations très élevées de perchloroéthylène aussi appelé tetrachloréthylène, souvent au-dessus des normes autorisées, dans une centaine de logements en région parisienne. De 2006 à 2011, le Laboratoire Central de la Préfecture de Police a ainsi effectué 177 analyses de l’air dans 122 logements situés au-dessus d’entreprises de nettoyage à sec. Les résultats montrent que 81 % des pièces analysées présentent des taux supérieurs à la valeur guide de l’air intérieur de l’Organisation Mondiale de la Santé (250 µg/m3 sur 1 an). Or, le perchloroéthylène est un solvant considéré comme cancérigène probable pour l’homme par le Centre de recherche contre le cancer (CIRC). Il est toxique pour le système nerveux et les reins, provoque des irritations des voies respiratoires et des yeux ainsi que des vertiges, des nausées et des maux de tête. Il est officiellement à l’origine de deux décès en France : un enfant en 1994 et une femme à Nice en 2009.

500 fois plus que la valeur de référence
En région parisienne, la médiane des niveaux de tetrachloréthylène s’élève à 1 500 μg/m3. Une pièce a même été mesurée à 120 000 µg/m3 par le laboratoire central. Soit près de 500 fois plus que la valeur de référence ! Rappelons qu’au-delà de 1250 µg/m3, le Haut conseil pour la santé publique (HSCP) recommande que des mesures correctives soient rapidement mises en œuvre. En outre, les mesures effectuées avant et après montrent que les travaux de mise en conformité ne sont pas toujours suivis d’une amélioration nette de la qualité de l’air. « Ces solutions ne permettent pas le respect des valeurs de référence préconisées », souligne l’étude. Les auteurs rappellent aussi que les analyses de l’air en région parisienne ont été faites suite à des plaintes pour nuisances olfactives ou problèmes de santé. Elles ne reflètent donc pas la réalité du nombre de logements impactés par les activités de pressing. « Le seuil olfactif se situant à environ 7 000 μg/m3, les concentrations en tétrachloréthylène dans l’air d’autres logements peuvent être supérieures aux valeurs de référence sans qu’une plainte n’ait été émise », écrivent-ils. On estime que 100 000 à 200 000 personnes sont exposées en France aux vapeurs de ce solvant dangereux pour la santé.

Encadré : Ce que prévoit le nouvel arrêté du 5 décembre 2012

– 1er mars 2013 : interdiction d’installer des nouvelles machines de nettoyage à sec fonctionnant au perchloroéthylène dans les pressings contigus à des locaux occupés par des tiers.

– 1er septembre 2014 : interdiction d’utiliser une machine au perchlo de plus de 15 ans

– 1er janvier 2022 : interdiction totale du perchlo dans les pressings

Interdiction du perchloroéthylène dans les nouveaux pressings en mars 2013

11 Déc

A compter du 1er mars 2013, l’utilisation du perchloroéthylène sera interdite dans les nouvelles installations selon un arrêté gouvernemental. Les associations s’en félicitent mais demandent à aller encore plus loin.

machine-pressingDès l’entrée en vigueur de l’arrêté, soit le 1er mars 2013, il sera en effet interdit d’implanter toute nouvelle machine fonctionnant au perchloroéthylène dans des locaux contigus à des locaux occupés par des tiers. Les machines existantes fonctionnant au perchloroéthylène et situées dans des locaux contigus à des locaux occupés par des tiers seront également progressivement interdites. Ainsi, dès le 1er septembre 2014, les machines ayant atteint 15 ans d’âge devront être remplacées par des machines utilisant un substitut. La durée maximale d’utilisation est réduite au fur et à mesure après 2014 pour atteindre un maximum de 10 ans en 2021. En tout état de cause, à compter du 1er janvier 2022, toutes les machines situées dans des locaux contigus à des locaux occupés par des tiers ne pourront plus utiliser de perchloroéthylène.

De plus, l’arrêté interdit l’utilisation de solvants (autre que le perchloroéthylène) qui seraient cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques.

4800 machines à remplacer

On estime qu’il existe environ 4 500 installations de nettoyage à sec dans le pays à ce jour, soit environ 5 200 machines. 93% d’entre elles sont situées dans des locaux contigus à des locaux occupés par des tiers et utilisant du perchloroéthylène. Ainsi environ 4 800 machines devront être remplacées à terme pour fonctionner à un solvant autre que le perchloroéthylène ou être exploitées dans des locaux non contigus. Cependant, comme précisé précédemment, l’obligation de changement de machine ne s’appliquera que de manière progressive dans le temps en fonction de l’âge de la machine et ne concernera donc qu’un pourcentage chaque année des 4 800 machines.

Des délais démesurément longs pour les anciens pressings

Le Réseau Environnement Santé, l’ADVEPP (Association des Victimes des Émanations de Perchloroéthylène des Pressings) et Générations Futures se félicitent de la décision du Gouvernement. « Cependant, pour les anciens pressings les délais accordés jusqu’en 2022, sont démesurément longs au vue de l’urgence sanitaire, affirment les associations. On peut estimer que 100 000 à 200 000 personnes sont exposées en France aux vapeurs de perchloroéthylène dans les centres commerciaux et les appartements jouxtant une installation de nettoyage à sec. Aucune mesure concrète n’est prise pour assurer une protection immédiate de tous les riverains et employés de pressings. Il n’existe en effet aucun bâtiment actuel, capable d’empêcher la propagation des émanations de perchloroéthylène. La raison économique ne peut justifier à elle seule d’aussi longs délais, aux dépens de la santé des personnes exposées. »

Autre problème selon les associations: la valeur limite d’exposition au perchloroéthylène. Selon elles, « il est prévu de suspendre l’activité des pressings qui induiraient chez les riverains des concentrations supérieures à 1250 μg/m3, alors même que l’Agence de Protection de l’Environnement des Etats-Unis a diminué en février 2012 sa valeur limite environnementale à 40 μg/m3 sur la base du caractère cancérogène et non cancérogène du perchloroéthylène [2]. Rien ne peut justifier un tel écart de 1 à 30. »

« Des milliers d’emplois menacés »?

Du côté des professionnels du nettoyage à sec, on s’inquiète pour son portefeuille. Le calendrier de sortie du perchlo prévoit un plan d’aides financières pour changer de machine. La Fédération française des pressings et blanchisseries (FFPB) aimeraient que les modalités de ce plan soient rapidement annoncées, affirmant que « des milliers d’emplois sont menacés ». Elle s’inquiète également des incertitudes liées aux technologies alternatives soulevées par l’ANSES.

L’ANSES ne recommande aucun produit pour remplacer le perchlo

5 Déc

Quel produit miracle pour remplacer l’abominable perchloroéthylène dans les pressings français? Mystère et boule de gomme. Dans un avis publié le 12 octobre dernier, l’ANSES (agence nationale de sécurité sanitaire) se garde bien d’annoncer le nom du remplaçant idéal. Peut-être parce qu’il n’existe pas?

Suite à une « demande d’appui technique concernant la connaissance des propriétés de danger des substituts au perchloroéthylène dans le nettoyage à sec », l’ANSES a rendu un avis très mitigé. On peut lire dans la conclusion: « Ainsi, les propriétés de danger identifiées et les incertitudes liées à l’absence de données essentielles ne permettent pas dans l’état actuel des connaissances de proposer un produit particulier en substitution du  perchloroéthylène dans les installations de nettoyage à sec. » Et d’ajouter:  « il serait utile d’obtenir des données complémentaires sur les propriétés de danger des produits visés dans la saisine. Une voie possible consisterait à inscrire les substances concernées au plan glissant d’évaluation des substances dans le cadre du règlement REACh ». Nous voilà bien avancés…

Après 30 ans d’activité, le pressing n’est pas aux normes

30 Mai

Publié dans l’Union le 30 mai 2012

SAINT-QUENTIN (Aisne). Plusieurs manquements à la réglementation. » Le rapport de la Dreal accable les gérants du pressing Clair Eco installé depuis près de 30 ans. Ils vont devoir se mettre en conformité s’ils veulent poursuivre leur activité.

Les services de la Dreal viennent de rendre leur rapport à la préfecture de l’Aisne qui les avait saisis suite à la plainte de Severina Karczmarczyk. Souvenez-vous, cette femme de 81 ans, habite au-dessus d’un pressing en activité. Elle craignait d’être intoxiquée à petits feux. Elle expliquait dans nos colonnes, le 19 mai dernier, mener un combat depuis plus de 9 mois afin que des analyses et des contrôles soient faits pour savoir si son état de santé qui s’est subitement dégradé ne serait pas dû à d’éventuelles émanations de perchloroéthylène provenant du système de nettoyage à sec du pressing. Un solvant classé comme cancérogène probable par le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer).
Très volatiles, les vapeurs de « perchlo » sont réputées pouvoir traverser le béton et les planchers jusqu’à trois étages.

Arrêté de mise en demeure
Irritations aux yeux, apparitions d’asthme, violents maux de tête, perte de la voix contraignent cette retraitée à s’exiler chez une de ses filles, plusieurs jours par mois.
La préfecture de l’Aisne vient de nous faire parvenir dans un communiqué les conclusions de l’inspection de l’installation de nettoyage à sec. « Le 16 mai 2012, les services de la Dreal ont effectué une visite du pressing Clair Eco. L’inspecteur a pu constater plusieurs manquements à la réglementation de la part de l’établissement. »
La préfecture ne souhaite pas préciser, mais selon nos informations, les manquements constatés concerneraient le captage et le traitement des rejets dans l’atmosphère ainsi que le contrôle de l’intégrité des parois dans la zone de nettoyage à sec du pressing.

Lire la suite sur le site de l’Union

Nouvelle réglementation: Jean Tomaselli, président de la FNET freine des quatre fers

25 Avr

L’Union, le 25 avril 2012

L’utilisation du perchloréthylène pourrait être bientôt interdite dans les pressings. Un projet contesté par le Soissonnais, Jean Tomaselli, président de la FNET.

C’est le produit le plus utilisé pour le nettoyage à sec. Le perchloréthylène, plus communément appelé perchlo, pourrait disparaître de la carte des pressings. C’est en tout cas le souhait des ministères de la Santé et de l’Ecologie.

Ce produit serait dangereux pour la santé des usagers, salariés et riverains, d’après plusieurs associations, lesquelles ont largement œuvré pour son retrait.
Les professionnels auront jusqu’en 2022 pour changer de matériel. Les machines fonctionnant avec ce produit et âgées de plus de 15 ans seront interdites dès 2014.
C’est le cas du pressing de Jean Tomaselli, installé depuis 1999, place Fernand-Marquigny, à Soissons. Il a déjà demandé des devis.
Ce n’est pas le fait d’investir dans un équipement neuf qui le chagrine, mais l’utilisation de solvants alternatifs, le siloxane D5 ou le KWL, un hydrocarbure. « On va remplacer le perchlo, qui est ininflammable et dont la dangerosité pour la santé n’a pas été prouvée, par des solvants inflammables. Ça peut être très dangereux. »
Pour le nettoyage à sec, les vêtements sont trempés dans du solvant, lequel est ensuite nettoyé par distillation à 130°. « Il y a des dizaines de litres dans la machine. On sera obligé d’aller au-delà du point d’éclair, c’est-à-dire de la température à partir de laquelle le produit s’enflamme. S’il y a la moindre fuite, ça peut exploser. On n’aura pas le droit à l’erreur. »
« Aucun recul »
Contrairement aux nouveaux solvants, le perchlo a une odeur très singulière qui ressemble à du trichlo. Le pressing de M. Tomaselli a subi plusieurs contrôles, à la suite de plaintes du voisinage du voisinage. Des capteurs d’air ont été posés. Il a finalement eu gain de cause. « On nous oblige à contrôler les émanations qui ne doivent pas excéder 0,2 % par kg, explique-t-il. C’est insignifiant. Avec le matériel d’aujourd’hui, on utilise quatre fois moins de produit qu’avant. J’ai ici une ventilation qui renouvelle dix fois le volume l’air toutes les heures. »
Jean Tomaselli est président de la Fédération nationale de l’entretien des textiles (FNET), plutôt minoritaire dans la profession sur cette question. « On impose un produit sur lequel on n’a aucun recul au détriment de la sécurité. On ne garantit pas qu’il a les mêmes qualités que le perchlo et surtout qu’il n’a pas les mêmes défauts. »

La suite sur l’Union

Note de l’auteur du blog: le siloxane D5 n’est pas la seule alternative au perchlo. L’aquanettoyage, de plus en plus répandu, est sans risque pour la santé des employés, clients et riverains. En tant que président de la FNET, Jean Tomaselli ne peut l’ignorer…

Les syndicats des pressings réclament un soutien financier

23 Avr

Communiqué de presse – Paris, le 27 mars 2012 –

La Fédération Française des Pressings et Blanchisserie (FFPB) a récemment proposé au ministère de l’Ecologie un calendrier visant à accélérer la sortie du perchloroéthylène. Son Président, Pierre Letourneur, rappelle cependant que le processus de substitution du « perchlo » ne peut être mené à bien sans la publication de données complémentaires sur les alternatives, encore mal connues, et le lancement d’un plan de soutien national au secteur. Selon l’échéancier proposé par la FFPB, toutes les machines au perchloroéthylène de plus de 15 ans seraient remplacées dès 2014 par des machines fonctionnant avec une technologie alternative. Les machines au perchloroéthylène plus récentes, qui présentent des risques potentiels quasi-nuls pour les employés et les riverains, seraient progressivement retirées les années suivantes. Le processus de sortie du « perchlo » pourrait ainsi être accéléré et amorcé dès 2014, et non en 2018 comme le prévoit le calendrier du ministère de l’Ecologie, du  éveloppement durable, des Transports et du Logement. Cette initiative de la FFPB permettrait donc à la France d’être l’un des pionniers dans le processus de mutation du secteur, aux côtés des Etats-Unis et du Danemark. Cependant, de nombreuses incertitudes subsistent concernant les autres technologies de nettoyage à sec : moins efficaces et nécessitant l’ajout de renforçateurs de nettoyage, tous les solvants alternatifs au «perchlo » sont combustibles et présentent des risques potentiels pour l’environnement. C’est la raison pour laquelle la FFPB demande que l’arrêt du perchloroéthylène soit conditionné à la publication d’analyses complémentaires sur les propriétés toxicologiques des alternatives.

La FFPB rappelle par ailleurs que le secteur des pressings, très majoritairement artisanal, a besoin de soutien pour financer sa sortie du « perchlo ». Depuis les années 1990, le secteur connait en effet une profonde crise structurelle ayant entrainé la fermeture de près de 10 000 magasins. La situation économique des 4 500 pressings restants est souvent fragile : le chiffre d’affaires moyen d’un magasin est de 100 000 euros TTC par an. Or, une machine neuve coûte environ 30 000 euros, auxquels peuvent s’ajouter des travaux de mise en conformité du local, soit un total de 45 000 euros en moyenne. Le coût de l’arrêt du « perchlo » s’élèvera ainsi à plus de 160 millions d’euros et sans aides, le secteur, qui emploie 18 000 personnes, ne pourra mener à bien sa mutation.

Note de l’auteur du blog: Nous avons contacté par deux fois la FFPB pour lui demander sa méthode de calcul pour arriver à ce chiffre de 160 millions d’euros mais nous n’avons jusqu’alors reçu aucune réponse…

Conseil de Paris : vœu à l’unanimité pour l’abandon du perchloroéthylène dans les pressings

23 Avr

source AFP

Le Conseil de Paris a adopté lundi 19 mars 2012 à l’unanimité un vœu des élus EELV demandant que l’utilisation par les pressings du perchloroéthylène, jugé « cancérogène probable », soit progressivement remplacé au profit de « technologies alternatives ».

logo EELV

« Le perchloroéthylène est un solvant utilisé dans 90% des pressings, dans le cadre du nettoyage à sec des vêtements et textiles de maison. Sa toxicité est connue : cancérogène probable, il nuit aux reins et au système nerveux », ont rappelé les élus verts de Paris.

Passage à travers les murs – Ses vapeurs « sont susceptibles de migrer à travers le béton et les planchers et d’exposer les riverains à des irritations des voies respiratoires et des yeux, des vertiges, des nausées, des maux de têtes, et même parfois conduire à la perte de connaissance et à la mort », ont-ils aussi rappelé dans un communiqué. A Nice, la septuagénaire José-Anne Bernard qui vivait au-dessus d’un pressing, en est vraisemblablement décédée en décembre 2009, ont-ils souligné.

« Des pays comme les États-Unis ou le Danemark ont déjà programmé pour 2020 l’abandon du perchloroéthylène et interdit l’installation de nouveaux pressings utilisant ce solvant », a rappelé Denis Baupin, adjoint au maire en charge de l’Environnement.

La ville lanceuse d’alerte – M. Baupin s’est félicité ensuite que, « comme pour le Bisphénol dans les biberons, la ville joue son rôle de lanceur d’alerte et de précurseur lorsque l’état est aux abonnés absents ».

Le vœu des écologistes préconise « la mise en place d’actions de sensibilisation et de formation pour les professionnels, la recherche de dispositifs d’aide publique à la conversion technologique, des diagnostics portant sur la qualité de l’air et l’exposition des travailleurs et des riverains ».

Le produit, interdit dans les nouvelles installations au Danemark et aux États-Unis, est un solvant utilisé pour le nettoyage à sec. Classé depuis 1995 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme cancérogène probable, il peut avoir des effets neurologiques et un impact sur les reins et le foie.

Ces pressings qui nous intoxiquent au perchlo

23 Avr

Publié le 22 fév 2012 par Solenne Durox

Le perchloroéthylène, solvant toxique classé cancérigène probable pour l’homme, est interdit aux États-unis et au Danemark. En France, 90 % des pressings l’utilisent encore. Outre le cancer, cet agent provoque des nausées, des troubles respiratoires et nerveux, et est impliqué dans la maladie de Parkinson. Soutenues par des scientifiques, des victimes du « perchlo » réclament son interdiction. Et menacent de porter plainte contre l’État.

« J’aurais la peau du perchlo. » Frédéric Bernard n’est pas du genre à lâcher le morceau. Cela fait plus de deux ans qu’il cherche à faire reconnaître par la justice l’empoisonnement de sa mère par le perchloroéthylène. Ce solvant organique chloré est utilisé par plus de 90 % des pressings en France pour nettoyer nos vêtements.

Décédée en décembre 2009 d’une arythmie cardiaque, José-Anne Bernard habitait juste au-dessus d’un pressing à Nice. Durant deux ans, elle a inhalé les fortes émanations de perchloroéthylène qui s’échappaient du commerce. L’autopsie a révélé d’importantes concentrations du solvant dans tout son corps. Le gérant du pressing a été mis en examen pour homicide involontaire en septembre dernier. Accompagné de la police scientifique, le juge d’instruction Chemama, en charge de l’affaire, s’est rendu mercredi matin sur le site de l’ancien pressing afin d’établir la topologie des lieux.

« Ce cas est emblématique du danger que représente le perchloroéthylène pour les employés mais aussi pour les riverains », estime François Veillerette, porte-parole de Générations futures. L’association a décidé de se porter partie civile dans l’affaire de Nice. « C’est un moyen d’épauler les victimes et de demander des comptes à tous les responsables », affirme-t-il. Y compris l’État.

« Il y a urgence »

Générations futures, le Réseau environnement santé et l’Association de défense des victimes d’émanations du perchloroéthylène des pressings (Advepp) ont décidé de taper du poing sur la table pour dénoncer un nouveau scandale sanitaire. Leur objectif : faire interdire l’utilisation du produit chimique, comme c’est déjà le cas aux États-Unis et au Danemark. « Il y a urgence. Nous avons affaire à un solvant toxique, classé cancérigène probable pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) et par l’agence de protection de l’environnement des États-Unis, mais qui a été complètement banalisé », explique le chercheur André Cicolella, président du Réseau environnement santé.

Des études ont prouvé qu’il provoque des nausées et des vertiges. Il irrite également les voies respiratoires, attaque le système nerveux et les reins. Dans les cas les plus graves, il peut se révéler mortel. « Le cas de Mme Bernard n’est pas isolé, explique François Veillerette. Le ministère de l’Écologie a lui-même recensé dans un document des dizaines d’incidents et d’hospitalisations liés au perchloroéthylène. » Le solvant est également impliqué dans la maladie de Parkinson (lire aussi notre entretien sur le sujet).

Des victimes de plus en plus nombreuses

Les gérants et les employés de pressing sont les premiers exposés. Les riverains ne sont pas non plus épargnés. Au mois de janvier 2009, à Montrouge, trois enfants qui habitaient au-dessus d’un pressing ont dû être évacués par les pompiers et hospitalisés. Ils souffraient de graves troubles respiratoires. Sabine B. a, elle aussi, été intoxiquée à deux reprises en 2007 par le pressing en-dessous de chez elle. Elle a dû à chaque fois être emmenée aux urgences. Le pressing a fermé, mais elle garde des séquelles : « Je souffre de violentes migraines, j’ai des trous de mémoire, mon foie est aussi mal au point », explique-t-elle. Relogée durant huit mois avec son fils à l’hôtel, elle a dû réintégrer son appartement, qui est toujours contaminé.

« Nous recueillons de plus en plus de témoignages de personnes malades. Les gens vont maintenant faire le lien entre leurs problèmes de santé et les émanations de perchloroéthylène du pressing voisin », affirment Thierry Drouin et Pascal Denot, fondateurs de l’Advepp. Ces deux restaurateurs rennais sont engagés dans un combat judiciaire sans fin. Ils respirent depuis plus de dix ans les vapeurs de perchlo du pressing voisin. Malaises, maux de tête, problèmes respiratoires, hépatite toxique et lésions au cerveau : plus le temps passe, plus leur santé se dégrade. Et l’administration tarde à réagir.

Le mythe d’un usage contrôlé

Certes, l’État compte prochainement modifier la réglementation qui encadre l’activité des pressings, en renforçant les contrôles notamment. Mais, pour les associations, cela reste insuffisant. Elles réclament l’interdiction pure et simple du perchloroéthylène. « C’est un peu comme si on nous expliquait qu’il peut y avoir un usage contrôlé de l’amiante… », remarque André Cicolella, pour qui« l’État reste sensible aux arguments de l’industrie du pressing ». Par quoi remplacer le perchloroéthylène ?

Il existe plusieurs solutions alternatives, parmi lesquelles le nettoyage aux hydrocarbures, le siloxane et l’aquanettoyage (sur ces produits de substitution voir la fiche de l’INRS). Malgré des incitations, notamment financières, à changer de technologie, peu de pressings sautent le pas. « Nous avons très peu de recul sur la toxicité de ces alternatives au perchloroéthylène, explique Franck Taïeb, président du CFET Pressings de France. Dans les années 1980, les autorités avaient recommandé de substituer le perchloroéthylène par des solvants fluorés, sensés être plus « écolos ». Ils ont été interdits quelques années plus tard parce que dangereux pour l’environnement ! Nous espérons bien sûr trouver rapidement un « solvant miracle » qui serait sans inconvénient. » Une hypothétique solution qui ne réjouira pas les distributeurs de perchloroéthylène en France, notamment la firme nord-américaine Univar (7,9 milliards de dollars de chiffre d’affaires), détenue par deux puissants fonds d’investissement [1], ou la multinationale belge Solvay, sise à Bruxelles (6,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires) [2].

Vers une plainte pour carence fautive de l’État ?

Il existe aussi une solution sans solvant, l’aquanettoyage ou nettoyage à l’eau. Un procédé non toxique. Son usage se démocratise peu à peu en France. La solution Lagoon™ d’Electrolux, leader sur le marché, équiperait déjà plus de 150 établissements. Le parc du Puy-du-Fou ou l’opéra Bastille, par exemple, utilisent ce procédé. Son principal défaut est son coût de revient, plus élevé que celui du perchloroéthylène…

« Nous allons demander à être reçus par le ministère. Si nous n’obtenons pas d’engagement ferme sur l’interdiction du perchloroéthylène, nous envisageons sérieusement la possibilité de porter plainte pour carence fautive de l’État », affirme François Veillerette. En 2001, les pouvoirs publics avaient étécondamnés pour ce même motif dans l’affaire de l’amiante. Prendront-ils cette fois les mesures nécessaires pour prévenir les risques d’exposition au perchloroéthylène ?

Solenne Durox

Photo : source

Notes

[1] CVC Capital Partners, l’un des plus gros fonds d’investissement, et Clayton, Dubilier & Rice.

[2] Solvay a repris les activités du groupe chimique français Rhodia, ex Rhône-Poulenc.

Mobilisation contre le perchloroéthylène, cause probable du « cancer du pressing »

22 Fév

Publié dans le Monde le 21 février 2012 par Pauline Pellissier

Après le retrait des phosphates des lessives en 2007, les associations réclament la fin du perchloroéthylène dans les pressings.

Les associations Réseau environnement santé (RES) et Générations futures viennent d’alerter sur l’utilisation dans les pressings du perchloroéthylène, une substance cancérigène, et demandent son interdiction, comme c’est déjà le cas au Danemark et aux Etats-Unis. Quels sont les utilisations et les dangers de ce produit ?

Qu’est ce que le perchloroéthylène ? Le perchloroéthylène, ou tétrachloroéthylène, est le solvant le plus utilisé pour le nettoyage à sec des tissus. Il sert aussi à dégraisser les pièces métalliques dans l’industrie automobile et la métallurgie. On le trouve également dans quelques produits de consommation comme des solvants pour la peinture ou pour enlever les taches. Sur les 5 900 pressings et blanchisseries que compte l’Hexagone, 90 % d’entre eux l’utilisent. Chaque année, 1 million de litres de perchloroéthylène, soit environ 8 200 tonnes, sont écoulés, exposant ainsi 15 000 personnes dans le cadre de leur travail.

Sa dangerosité est-elle prouvée ? Les preuves expérimentales existent depuis des décennies. Tout d’abord, il figure sur la liste des cancérigènes du groupe 2A (agents probablement cancérigènes pour l’homme) du Centre international de recherche sur le cancer. En juin 2010, le Haut Conseil de la santé publique préconisait de faire cesser ou limiter l’exposition à ce produit en supprimant ou réduisant les transferts de tétrachloroéthylène ou en en éradiquant la source. Plus récemment, le 10 février, l’agence de protection de l’environnement américaine a démontré à partir de deux études menées dans le milieu du travail que le solvant est toxique pour le système nerveux, les reins, le foie, le système immunitaire et le sang, ainsi que pour la reproduction et le développement.

Pourquoi n’est-il pas interdit en France ? Si l’Union européenne a engagé depuis 1999 une politique de réduction des risques avec une directive relative à la réduction des émissions de composés organiques volatils dues à l’utilisation de solvants, la France n’a elle pas changé la législation, en vigueur depuis les années 70. Désormais contrainte par l’Europe de faire des contrôles, elle s’est engagée à réduire de 30 % le recours au solvant. Mais pour les associations, ce n’est pas suffisant. « Le lobby du pressing est très fort et bien regroupé derrière la Fédération française de pressing et de blanchisserie, qui défend bec et ongles le produit le plus efficace et le plus économique pour la profession », rapporte Thierry Drouin, président de l’Association de défense des victimes des émanations de perchloroéthylène des pressings.

La suite dans le Monde

Cancer: danger au pressing

22 Fév

Publié dans l’Express le 21 février 2012

Le perchloréthylène est la nouvelle bête noire des scientifiques: ce solvant utilisé par les pressings pourrait être cancérigène. Rencontre avec Yann Grosse, toxicologue du Centre international de recherche contre le cancer (CIRC). 

Aller au lavomatic est-il cancérigène? Le perchloréthylène, un solvant utilisé pour le nettoyage à sec dans les quelque 4000 pressing français, est classé parmi les cancérigènes probables par le CIRC. Yann Grosse, toxicologue au CIRC, livre son expertise sur le sujet.

Les risques cancérigènes du perchloréthylène sont-ils avérés?

Le perchloréthylène est classé par le CIRC -organisme rattaché à l’Organisation mondiale de la santé (OMS)- depuis 1995 dans le groupe 2, c’est-à-dire qu’il est considéré comme probablement cancérigène pour l’homme. Nos recherches ont établi des liens de causes à effets entre le développement de cancers -de l’oesophage, tumeur cervicale ou lymphome- et l’exposition prolongée à une telle substance chimique. En revanche, aucun cas mortel n’a été recensé. Il n’y a que nos souris de laboratoire qui ont développé des cancers du foie.

La limite d’exposition recommandée par l’OMS est de 250 microgrammes/m3 alors que les riverains de pressing seraient exposés à des doses allant jusqu’à 2000 microgrammes/m3. Ne pensez-vous pas que ces précautions sont insuffisantes?

Je n’irai pas jusqu’à dire que la France est en retard, mais il est manifeste que le pays n’applique pas les recommandations du CIRC. Pour le moment, l’Etat suit la réglementation européenne, qui classe le solvant dans le groupe 3 (nuisible à la santé et dangereux pour l’environnement, ndlr). Mais une réunion de travail du CIRC est prévue en octobre pour discuter de la possibilité d’augmenter le niveau de risque de ce solvant. Mais même si cela est adopté, cela ne signifie pas que la loi changera car notre groupe de recherche n’a aucun pouvoir législatif.

la suite dans l’Express