Le ministère de l’écologie propose un diagnostic gratuit aux voisins de pressing

28 Mai

Article paru sur le site de Sciences et avenir le 27 mai 2015

analyse

L’État lance une nouvelle campagne d’information des riverains de pressings, pour les inciter à faire mesurer chez eux les taux de perchloroéthylène (PCE), un solvant cancérogène que les commerces de nettoyage à sec ont obligation d’abandonner progressivement, a indiqué mardi 26 mai 2015 le ministère de l’Écologie. Très utilisé par les pressings, ce solvant chloré au pouvoir très dégraissant, mais aussi très volatil, est classé depuis 1995 par l’Organisation mondiale de la santé comme cancérogène probable, et considéré comme responsable d’atteintes diverses, rénales, neurologiques ou encore hépatiques.

Une interdiction totale dès 2022

La réglementation interdit depuis mars 2013 l’implantation de nouvelles machines utilisant ce solvant dans des locaux contigus à des immeubles d’habitation ou des centres commerciaux. Depuis septembre 2014, les machines ayant atteint 15 ans d’âge sont interdites ; à partir de 2021, ce seront les machines de plus de 10 ans, et à partir de 2022 l’interdiction sera totale. Cette décision ne vaut pas en revanche pour les pressings isolés, en zones industrielles par exemple.

Cette nouvelle « campagne de contrôle » des concentrations de ce solvant dans les habitations voisines, passera par la distribution d’une plaquette aux riverains, leur précisant les modalités pour bénéficier d’un diagnostic gratuit, effectué par des laboratoires désignés par le ministère de l’Écologie. Si ce diagnostic devait révéler une présence de PCE, la préfecture serait alors amenée à « prescrire des actions rapides » à l’exploitant du pressing, souligne le ministère.

UTILISATION. Durant l’activité d’une teinturerie, les émanations de PCE proviennent essentiellement des machines, à l’ouverture du tambour, lors du détachage manuel et en cas d’une mauvaise étanchéité des machines. Hors activité, les émanations proviennent du stockage des vêtements nettoyés au perchloréthylène et de l’évacuation des boues (résidus de lavage).

4.000 pressings et 8.700 riverains concernés

Cette mesure concerne potentiellement 4.000 pressings utilisant encore ce solvant, et 8.700 riverains, précise le ministère. « Les contrôles tendent à accélérer le remplacement des machines », souligne-t-on. Pour l’Association de défense des victimes (Advepp), créée en 2010, les mesures ont été tardives et « on ne sait toujours pas si tous les riverains ont été informés, car beaucoup nous appellent encore », souligne Thierry Drouin, son fondateur.

L’association s’inquiète aussi de l’éventuel impact sanitaire des produits solvants choisis pour remplacer le perchloroéthylène, et du sort des salariés des blanchisseries sans voisins toujours utilisatrices du PCE. Selon des chiffres de la Fédération des pressings et blanchisseries fournis au ministère, 30 % du parc des machines avaient été remplacés en septembre 2014, dont une bonne moitié par de l' »aquanettoyage » (nettoyage à l’eau), et 50 % devraient avoir abandonné le perchloroéthylène d’ici fin 2015.

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