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Perchloroéthylène dans les pressings : les associations trouvent le gouvernement plus propre

24 Avr

Paris, le lundi 23 avril 2012 – Journal international de médecine-Image

Les situations révélant comment la forme peut avoir une influence décisive sur le fond sont innombrables et l’actualité en fournit mille exemples. Dernier en date : le sale dossier du perchloroéthylène. Classé dans le groupe 2A des substances « cancérogènes probables » ce solvant utilisé par 90 % des 5 000 pressings français est suspecté de favoriser les risques de cancer de l’œsophage, du col de l’utérus et de lymphome non Hodgkiniens, mais les résultats des études menées sur le sujet manquent toujours de concordance. L’utilisation de cette substance interdite ou fortement réglementée dans d’autres pays, tels les Etats-Unis et le Danemark, est depuis plusieurs années un cheval de bataille des associations ayant une visée écologiste et sanitaire, qui se désespèrent de ne pas être entendues par les pouvoirs publics.

Des associations et un ministère sur la même longueur d’ondes sans le voir

Ainsi, en février dernier, à l’heure où était ouverte une information judiciaire destinée à élucider les circonstances de la mort d’un septuagénaire résidant au dessus d’un pressing, les organisations Générations futures ou le Réseau santé environnement dénonçaient avec sévérité le manque d’engagement du gouvernement sur ce dossier. Elles affirmaient ainsi que les normes en vigueur n’étaient pas systématiquement respectées et se désolaient que leur souhait de voir le perchloroéthylène interdit d’ici une dizaine d’années ne soit pas entendu. Pourtant, figure depuis déjà la fin de l’année 2011, dans les tablettes du ministère de l’Ecologie, un projet visant à interdire l’installation de nouveaux pressings utilisant ce solvant près des habitations et obligeant le remplacement des anciennes installations à l’horizon 2022.

Des annonces délavées mais bien repassées

Avril 2012, deux mois après les passes d’arme de cet hiver : changement radical de ton. Associations écologistes et représentants des ministères de l’écologie et de la Santé ont tenu ce 19 avril une réunion dont l’issue a été marquée, fait inédit, par la satisfaction des premières. « Nous nous félicitons du changement radical de la politique du ministère de la santé qui ne défend plus l’usage contrôlé du perchlo » écrivent en effet Générations futures et le Réseau santé environnement. Radical, vraiment ? Comme déjà en février, les ministères promettent que « toute nouvelle installation fonctionnant au perchloroéthylène située dans des locaux contigus à des habitations » sera interdite. Par ailleurs, à partir de janvier 2014, les installations vielles de plus de quinze ans devront cesser leur activité, suivies en 2018 des pressings n’étant pas de marque NF et enfin en 2012 de toutes les laveries quels que soient leur label et leur âge. Un calendrier qui avait déjà été dans ses grandes lignes fixé avant le mois de février.
Seul fait apparemment nouveau, la volonté du gouvernement de suspendre l’activité des pressings « si la valeur d’action rapide de 1250 ug/m3 (…) est dépassée dans les appartements et locaux contigus aux pressings ».

Donner aux associations le sentiment que leur action a été décisive

Non contentes de ne pas être toutes nouvelles, ces mesures promises ne répondent pas à l’ensemble des demandes des associations qui regrettent ainsi que l’interdiction des nouvelles installations ne s’applique pas à toutes les laveries, et notamment pas à celles, nombreuses, officiant dans les galeries commerciales. Dès lors, si ces annonces ne sont pas fondamentalement inédites et si toutes les attentes des associations n’ont pas été satisfaites, comment expliquer l’enthousiasme soudain des organisations ? Sans doute cette réunion et le descriptif détaillé de ce projet d’arrêté depuis longtemps prévu (et toujours attendu) ont su donner aux organisations le sentiment qu’elles étaient à l’origine de ce changement « radical ». Pourtant, elles affirment ne pas être « dupes du contexte électoral ». Pas si sûr.

Aurélie Haroche